Et bien, songez-y, qu'est ce que la peine de mort? La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie. Partout où la peine de mort est prodiguée, la barbarie domine; partout où la peine de mort est rare, la civilisation règne
Assemblée constituante - 1848
Entre le moment ou Tapner est tombé dans le trou de la trappe et l'instant où le bourreau, ne sentant plus de frémissement, lui a laché les pieds, il s'est écoulé douze minutes. Douze minutes! Qu'on calcule combien cela fait de temps, si quelqu'un sait à quelle horloge se comptent les minutes de l'agonie!
Affaire Tapner - A lord Palmerston - 1854
La raison est pour nous, le sentiment est pour nous, l'expérience est aussi pour nous. Dans les états modèles, ou la peine de mort est abolie, la masse des crimes capitaux suit d'année en année une baisse progressive. Pesez ceci.
Le dernier jour d'un condamné - préface - 1832
Mais si la peine de mort n'est pas juste, est ce qu'elle est utile? Oui, dit la théorie; le cadavre nous laissera tranquille. Non, dit la pratique; car ce cadavre vous lègue une famille; famille sans père, famille sans pain; et voilà la veuve sui se prostitue pour vivre, et voilà les orphelins qui volent pour manger.
Dumolard, voleur à l'age de cinq ans, était orphelin d'un guillotiné. J'ai été fort insulté, il y a quelques mois, pour avoir osé dire que c'était là une circonstance atténuante.
On le voit, la peine de mort n'est ni exemplaire, ni juste, ni utile.
Qu'est elle donc? Elle est. Sum qui Sum. Elle a sa raison d'être en elle-même. Mais alors quoi! La guillotine pour la guillotine, l'art pour l'art.
Genève et la peine de mort - 1862
Tous les échafauds portent des noms d'innocents et de martyrs. Non, nous ne voulons plus de supplices. Pour nous la guillotine s'appelle Lesurques, la roue s'appelle Calas, le bûcher s'appelle Jeanne d'Arc, la torture s'appelle Campanelle, le billot s'appelle Thomas Morus, la cigu*e s'appelle Socrate, le gibet se nomme Jésus Christ.
Affaire Tapner - Aux habitants de Guernesey - 1854
Notre justice à nous, comme notre destin, est tâtonnement, trouble, erreur, nuage, doute; martyr, je m'applaudis; juge, je me redoute; L'infaillible, est-ce moi, dis? Est ce toi? Réponds
Les quatre vents de l'esprit - l'échafaud - 1870
Nous sommes trop souffrants, dans nos destins divers, tous, les grands, les petits, les obscurs, les célèbres, pour ne pas condamner quelqu'un dans nos ténères.
Puisque vous ne voyez rien de claire dans le sort, ne vous hâtez pas trop d'en conclure la mort, fût-ce la mort d'un roi, d'un maitre et d'un despote. Dans la brume insondable où tout saigne et sanglote, ne vous hatez pas trop de prendre vos malheurs, vos jours sans feu, vous jours sans pain, vos cris, vos pleurs, et ce deuil qui sur vous et votre race tombe, pour les faire servie à construire une tombe
Les quatre vents de l'esprit - l'échafaut - 1870
Je laisse une mère, je laisse une femme, je laisse un enfant.
Une petite fille de trois ans, douce, rose, frêle, avec de grands yeux noirs et de long cheveux chatains.
Elle avait deux ans et un mois quand je l'ai vue pour la dernière fois. Ainsi, après ma mort, trois femmes, sans fils, sans mari, sans père; trois orphelines de différentes espèces; trois veuves du fait de la loi.
J'admets que je sois honnêtement puni; ces innocentes, qu'ont elles fait? N'importe, on les déshonore, on les ruine. C'est la justice
(...)
Mais ma fille, mon enfant, ma pauvre petite Marie, qui rit, qui joue, qui chante à cette heure et ne pense à rien, c'est celle-là qui me fait mal
Le dernier jour d'un condamné - Victor Hugo - 1829
De deux choses l'une :
Ou l'homme que vous frappez est sans famille, sans parents, sans adhérents dans ce monde. Et dans ce cas, il n'a reçu ni éducation, ni instruction, ni soins pour son esprit, ni soins pour son coeur; et alors de quel droit tuez-vous ce misérable orphelin? Vous le punissez de ce que son enfance a rampé sur le sol sans tige et sans tuteur! Vous lui imputez à forfait l'isolement où vous l'avez laissé! De son malheur vous faites son crime! Personne ne lui a appris à savoir ce qu'il faisait. Cet homme ignore. Sa faute est à sa destinée, non à lui. Vous frappez un innocent.
Ou cet homme a une famille; et alors croyez-vous que le coup dont vous l'égorgez ne blesse que lui seul? Que son père, que sa mère, que ses enfants, n'en saigneront pas? NON. En le tuant, vous décapitez toute sa famille. Et ici encore vous frappez des innocents
Le dernier jour d'un condamné - préface - 1832
L'homme dit au soldat qui l'ajuste : Adieu, frêre
La femme dit : Mon homme est tué, c'est assez. Je ne sais s'il eut tort ou raison, mais je sais que nous avons trainé le malheur côté à côte. Il fut mon compagnon de chaîne; si l'on m'ôte cet homme, je n'ai plus besoin de vivre. Ainsi puisqu'il est mort, il faut que je meure. Merci...
L'année terrible - Les fusillés - 1870